Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/38

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rure et le bruit des pas qui descendaient jusqu’au rez-de-chaussée où se trouvait le cabinet de travail de son mari.


Elle demeura longtemps inerte, le cerveau en déroute, avec des idées vagues et rapides qui la brûlaient au passage, comme des flammes. Elle se rappelait la conduite indigne du comte d’Origny, ses procédés humiliants envers elle, ses menaces, ses projets de divorce, et elle comprenait peu à peu qu’elle était la victime d’une véritable conspiration, que les domestiques, sur l’ordre de leur maître, avaient congé jusqu’au lendemain soir, que la gouvernante, sur l’ordre du comte et avec la complicité de Bernard, avait emmené son fils, et que son fils ne reviendrait pas, et qu’elle ne le reverrait jamais.

« Mon fils ! cria-t-elle, mon fils !… »

Exaspérée par la douleur, de tous ses nerfs, de tous ses muscles, elle se raidit, en un effort brutal. Elle fut stupéfaite : sa main droite conservait une certaine liberté.

Alors un espoir fou la pénétra, et patiemment, lentement, elle commença l’œuvre de délivrance.

Ce fut long. Il lui fallut beaucoup de temps pour élargir le nœud suffisamment, et beaucoup de temps ensuite, quand sa main fut dégagée, pour défaire les liens qui nouaient le haut de ses bras à son buste, puis ceux qui emprisonnaient ses chevilles.

Cependant l’idée de son fils la soutenait, et, comme la pendule frappait huit coups, la dernière entrave tomba. Elle était libre !

À peine debout, elle se rua sur la fenêtre et tourna l’espagnolette avec l’intention d’appeler