Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/62

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pas de saveur… ce coin de vieille cour avec sa rotonde à colonnade grecque, son cadran solaire et son bassin, avec son puits délabré au toit Renaissance, avec ses marches et son banc de pierre, tout cela est pittoresque.

— Et authentique, ajoutai-je. La toile, bonne ou mauvaise, n’a jamais été enlevée de son cadre Empire. D’ailleurs, la date est là… Tenez, dans le bas, à gauche, ces chiffres rouges, 15-4-2, qui signifient évidemment 15 avril 1802.

— En effet… en effet… Mais vous parliez d’une coïncidence, et, jusqu’ici, je ne vois pas… »

J’allai prendre dans un coin une longue-vue que j’établis sur son trépied et que je braquai vers la fenêtre ouverte d’une petite chambre située en face de mon appartement, de l’autre côté de la rue. Et je priai Lupin de regarder.

Il se pencha. Le soleil, oblique à cette heure, éclairait la chambre où l’on apercevait des meubles d’acajou très simples, un grand lit d’enfant habillé de rideaux en cretonne.

« Ah ! dit Lupin tout à coup, le même tableau !

— Exactement le même ! affirmai-je. Et la date… vous voyez la date en rouge ? 15-4-2.

— Oui, je vois… Et qui demeure dans cette chambre ?

— Une dame ou plutôt une ouvrière, puisqu’elle est obligée de travailler pour vivre… des travaux de couture qui la nourrissent à peine, elle et son enfant.

— Comment s’appelle-t-elle ?

— Louise d’Ernemont… D’après mes renseignements, elle est l’arrière-petite-fille d’un fer-