Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/76

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leur destinée. Depuis cent ans, tous ceux qui se sont succédé, les fils après les pères, tous, ils ont perdu, comment dirais-je ?… le ressort de la vie. Ils n’ont plus de courage, plus d’initiative. Ils attendent. Ils attendent le quinze avril, et lorsque le quinze avril est arrivé, ils attendent qu’un miracle se produise. Tous, la misère a fini par les vaincre. Mes prédécesseurs et moi, peu à peu, nous avons vendu, d’abord la maison pour en construire une autre de rapport plus fructueux, ensuite des parcelles du jardin, et d’autres parcelles. Mais, ce coin-là, ils aimeraient mieux mourir que de l’aliéner. Là-dessus tout le monde est d’accord, aussi bien Louise d’Ernemont, l’héritière directe de Pauline, que les mendiants, les ouvriers, le valet de chambre, la danseuse de cirque, etc., qui représentent ce malheureux Charles.

Un nouveau silence, et Lupin reprit :

« Votre opinion, Maître Valandier ?

— Mon opinion est qu’il n’y a rien. Quel crédit accorder aux dires d’une vieille bonne, affaiblie par l’âge ? Quelle importance attacher aux lubies d’un fou ? En outre, si le fermier général avait réalisé sa fortune, ne croyez-vous point que cette fortune se serait trouvée ? Dans un espace restreint comme celui-là, on cache un papier, un joyau, non pas des trésors.

— Cependant les tableaux ?

— Oui, évidemment. Mais tout de même, est-ce une preuve suffisante ? »

Lupin se pencha sur celui que le notaire avait tiré de l’armoire, et après l’avoir examiné longuement :

« Vous avez parlé de trois tableaux ?

— Oui, l’un, que voici, fut remis à mon prédé-