Page:Leblanc - Les Confidences d’Arsène Lupin.djvu/88

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val, gros homme au teint rouge, l’aspect d’un bon vivant ; sa femme, lourde également, le masque vulgaire, toujours vêtue d’une robe de soie prune dont l’usure était trop visible ; le neveu, tout jeune, mince, la figure pâle, les yeux noirs, les cheveux blonds et un peu bouclés.

En général, le ménage restait assis pendant toute la réunion. C’était Gabriel qui jouait pour son oncle, surveillant les chevaux au paddock, recueillant des tuyaux de droite et de gauche parmi les groupes des jockeys et des lads, faisant la navette entre les tribunes et le pari mutuel.

La chance, ce jour-là, leur fut favorable, car, trois fois, les voisins de Dugrival virent le jeune homme qui lui rapportait de l’argent.

La cinquième course se terminait. Dugrival alluma un cigare. À ce moment, un monsieur sanglé dans une jaquette marron, et dont le visage se terminait par une barbiche grisonnante, s’approcha de lui et demanda d’un ton de confidence :

« Ce n’est pas à vous, monsieur, qu’on aurait volé ceci ? »

Il exhibait en même temps une montre en or, munie de sa chaîne.

Dugrival sursauta.

« Mais oui… mais oui… c’est à moi… Tenez, mes initiales sont gravées… N. D… Nicolas Dugrival. »

Et aussitôt il plaqua la main sur la poche de son veston avec un geste d’effroi. Le portefeuille s’y trouvait encore.

« Ah ! fit-il bouleversé, j’ai eu de la chance…