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gare d’Auteuil, vers onze heures trois quarts et s’est dirigé vers le Ranelagh. Rappelez-vous la présence de Mme Fauville dans ce quartier, à la même heure. Et rappelez-vous que le crime fut commis un peu avant minuit… J’en conclus…

— Assez, file.

— Mais…

— Au galop.

— Alors on ne se revoit plus ?

— Rendez-vous dans une demi-heure devant le domicile de notre homme.

— Quel homme ?

— Le complice de Marie-Anne Fauville…

— Mais vous ne connaissez pas…

— Son adresse ? Mais c’est toi-même qui me l’as donnée. Boulevard Richard-Wallace, numéro huit. Va, et ne prends pas cette tête d’idiot.

Il le fit pirouetter, le poussa par les épaules jusqu’à la porte et le remit, tout ahuri, aux mains d’un domestique.

Il repoussa Mazeroux dans un renfoncement

Lui-même sortait quelques minutes plus tard, entraînant sur ses pas les policiers attachés à sa personne, les laissait de planton devant un immeuble à double issue, et se faisait conduire à Neuilly en automobile. Il suivit à pied l’avenue de Madrid et rejoignit le boulevard Richard-Wallace, en vue du bois de Boulogne.

Mazeroux l’attendait là, devant une petite maison qui dressait ses trois étages au fond d’une cour que bordaient les murs très hauts de la propriété voisine.

— C’est bien le numéro huit ?

— Oui, patron, mais vous allez m’expliquer…

— Une seconde, mon vieux, que je reprenne mon souffle !

Il aspira largement quelques bouffées d’air.

— Dieu ! que c’est bon d’agir ! dit-il. Vrai, je me rouillais… Et quel plaisir de poursuivre ces bandits ! Alors tu veux que je t’explique ?