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dans la chambre, des liasses de papiers.

— C’est bien, emmenez-le et redoublez de surveillance.

Gaston Sauverand se laissa faire docilement et suivit le sous-chef et Mazeroux.

Sur le seuil de la porte, il se retourna :

— Monsieur le préfet, puisque vous perquisitionnez, je vous adjure de prendre soin des papiers qui encombrent la table de ma chambre : ce sont des notes qui m’ont coûté bien des veilles. En outre…

Il hésita, visiblement embarrassé.

— En outre ?

— Eh bien, Monsieur le préfet, je vais vous dire… certaines choses…

Il cherchait ses mots et paraissait en craindre les conséquences, tout en les prononçant. Mais il se décida d’un coup :

— Monsieur le préfet, il y a ici… quelque part… un paquet de lettres auxquelles je tiens plus qu’à ma vie. Peut-être ces lettres, si on les interprète dans un mauvais sens, donneront-elles des armes contre moi… mais n’importe… Avant tout, il faut… il faut qu’elles soient à l’abri… Vous verrez… Il y a là des documents d’une importance extrême… Je vous les confie… à vous seul, monsieur le préfet.

— Où sont-elles ?

— La cachette est facile à trouver. Il suffit de monter dans la mansarde au-dessus de ma chambre et d’appuyer, à droite de la fenêtre, sur un clou… un clou inutile en apparence, mais qui commande une cachette située au-dehors, sous une des ardoises, le long de la gouttière.

Il se remit en marche, encadré par les deux hommes. Le préfet les retint.

— Une seconde… Mazeroux, montez dans la mansarde. Vous m’apporterez les lettres.

Mazeroux obéit et revint au bout de quelques minutes. Il n’avait pu faire jouer le mécanisme. Le préfet ordonna à l’inspecteur principal Ancenis de monter à son tour avec Mazeroux et d’emmener le prisonnier, qui leur ferait voir le fonctionnement de sa cachette. Lui-même, il demeura dans la pièce avec le sous-chef Weber, attendant le résultat de la perquisition, et il se mit à examiner les titres des livres qui s’empilaient sur la table.

C’étaient des volumes de science, parmi lesquels il remarqua des ouvrages de chimie : La chimie organique, La chimie dans ses rapports avec l’électricité. Tous ils étaient chargés de notes, en marge. Il feuilletait l’un d’eux lorsqu’il crut entendre des clameurs. Il se précipita. Mais il n’avait pas franchi le seuil de la porte qu’une détonation retentit au creux de l’escalier et qu’il y eut un hurlement de dou-