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leur. Et aussitôt, deux autres coups de feu. Et puis des cris, un bruit de lutte et une détonation encore…

Par bonds de quatre marches, avec une agilité qu’on n’eût pas attendue d’un homme de sa taille, le préfet de police, suivi du sous-chef, escalada le second étage et parvint au troisième, qui était plus étroit et plus abrupt.

Quand il eut gagné le tournant, un corps qui chancelait au-dessus de lui s’abattit dans ses bras : c’était Mazeroux blessé.

Sur les marches gisait un autre corps inerte, celui de l’inspecteur principal Ancenis. En haut, dans l’encadrement d’une petite porte, Gaston Sauverand, terrible, la physionomie féroce, avait le bras tendu. Il tira un cinquième coup au hasard. Puis, apercevant le préfet de police, il visa, posément.

Le préfet eut la vision foudroyante de ce canon braqué sur son visage.

Le préfet eut la vision foudroyante de ce canon braqué sur son visage, et il se crut perdu. Mais, à cette seconde précise, derrière lui, une détonation claqua, l’arme de Sauverand tomba de sa main avant qu’il eût pu tirer, et le préfet aperçut, comme dans une vision, un homme, celui qui venait de le sauver de la mort, et qui enjambait le corps de l’inspecteur principal, repoussait Mazeroux contre le mur, et s’élançait, suivi des agents.

Il le reconnut. C’était don Luis Perenna.

Don Luis entra vivement dans la mansarde où Sauverand avait reculé, mais il n’eut que le temps de l’aviser, debout sur le rebord de la fenêtre, et qui sautait dans le vide, du haut des trois étages.

— Il s’est jeté par là ? cria le préfet en accourant. Nous ne l’aurons pas vivant !

— Ni vivant ni mort, monsieur le préfet. Tenez, le voilà qui se relève. Il y a des miracles pour ces gens-là… Il file vers la grille… C’est à peine s’il boite un peu.

— Mais mes hommes ?

— Eh ! ils sont tous dans l’escalier, dans la maison, attirés par les coups de feu, soignant les blessés…