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blait. Trois détonations encore retentirent. Les balles crépitaient sur la ferraille de la soupente. Au cinquième coup, il y eut un cri de douleur. Don Luis s’élança de nouveau sur l’échelle.

Retardé par l’enchevêtrement des ustensiles, puis par des bottes de colza desséché qui formaient un véritable rempart, il réussit à la fin, en se meurtrissant et en s’écorchant, à gagner l’ouverture, et fut très étonné, quand il l’eut franchie, de se trouver sur un terre-plein. C’était le sommet du talus contre lequel la grange était adossée.

Au hasard il descendit le talus à gauche de la grange et repassa devant la façade du bâtiment, sans voir personne. Alors il remonta par la droite, et bien que le terre-plein fût de proportions exiguës, il le fouilla avec précaution, car, dans l’ombre naissante du crépuscule, il pouvait craindre un retour offensif de l’ennemi.

D’un coup de son poing gauche…

Et c’est ainsi qu’il se rendit compte d’une chose qu’il n’avait pas remarquée. Le talus bordait le faîte du mur, qui, à cet endroit, mesurait bien cinq mètres de hauteur. Sans aucun doute Gaston Sauverand et Florence s’étaient enfuis par là.

Perenna suivit le faîte, qui était assez large, jusqu’à une partie moins élevée du mur, et là, il sauta dans une bande de terres labourées, situées en lisière d’un petit bois vers lequel les fugitifs avaient dû se sauver. Il en commença l’exploration, mais, étant donnée l’épaisseur des fourrés, il reconnut aussitôt que c’était perdre son temps que de s’attarder à une vaine poursuite.

Il rentra donc au village, tout en songeant aux péripéties de cette nouvelle bataille. Une fois de plus, Florence et son complice avaient tenté de se débarrasser de lui. Une fois de plus, Florence apparaissait au centre de ce réseau d’intrigues criminelles. À l’instant où le hasard apprenait à don Luis que le bonhomme Langer-