Page:Leblanc - Les Dents du Tigre, paru dans Le Journal, du 31 août au 30 octobre 1920.djvu/178

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les plus importants, à ceux dont l’interprétation, nouvelle pour vous, mais strictement conforme à la vérité, vous démontrera notre bonne foi. La malchance m’ayant mis sur le chemin d’Hippolyte Fauville, au cours d’une de mes promenades au Bois, par prudence je changeai de domicile et m’installai dans la petite maison du boulevard Richard-Wallace, où Florence vint me voir plusieurs fois. J’eus même la précaution de supprimer ces visites, et, en outre, de ne plus correspondre avec elle que par l’intermédiaire de la poste restante. J’étais donc tout à fait tranquille. Je travaillais dans la solitude la plus complète et en pleine sécurité. Je ne m’attendais à rien. Aucun péril, aucune possibilité de péril ne nous menaçait. Et je puis dire, selon l’expression la plus banale et la plus juste, que c’est dans un ciel absolument pur que le coup de tonnerre éclata. J’appris à la fois, lorsque le préfet de police et ses agents firent irruption chez moi et procédèrent à mon arrestation, j’appris à la fois l’assassinat d’Hippolyte Fauville, l’assassinat d’Edmond et l’arrestation de Marie-Anne.

Ayant tourné les yeux vers Florence Levasseur…

— Impossible, s’écria don Luis, de nouveau agressif et courroucé. Impossible ! ces faits étaient déjà vieux de quinze jours. Je ne puis admettre que vous ne les ayez pas connus.

— Par qui ?

— Par les journaux, et plus certainement encore, par mademoiselle, s’exclama don Luis en désignant la jeune fille.

Sauverand affirma :

— Par les journaux ? Je ne les lisais jamais. Quoi ! Est-ce donc inadmissible ? Est-ce une obligation, une nécessité inéluctable que de perdre chaque jour une demi-heure à parcourir les inepties de la politique et les ignominies des faits divers ? Et ne pouvons-nous imaginer un homme qui ne lise que des revues ou des