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Ce fut subitement une clameur de protestations. D’un coup, le voile se déchirait, et le spectacle que montrait don Luis provoquait, en même temps que l’horreur, un sursaut inattendu d’incrédulité, et comme une révolte contre l’attention trop bienveillante que l’on avait accordée à de telles explications.

Le préfet de police résuma le sentiment de tous en s’écriant :

— Assez de mots ! Assez d’hypothèses ! Si logiques qu’elles paraissent, elles aboutissent à des conclusions absurdes.

— Absurdes en apparence, monsieur le préfet, mais qui nous dit que l’acte inouï de M. Fauville ne s’explique pas par des raisons toutes naturelles ? Évidemment, on ne meurt pas de gaieté de cœur, pour le simple plaisir de se venger. Mais qui nous dit que M. Fauville, dont vous avez pu noter, comme moi, l’extrême maigreur et la lividité, n’était pas atteint de quelque maladie mortelle, et que, se sachant déjà condamné…

— Assez de mots, je vous le répète, s’exclama le préfet, vous ne procédez que par suppositions. Or, ce que je vous demande, ce sont des preuves. C’est une preuve, une seule. Nous l’attendons encore.

— La voici, monsieur le préfet.

— Hein ! Qu’est-ce que vous dites ?

— Monsieur le préfet, lorsque j’ai dégagé le lustre du plâtre qui le soutenait, j’ai trouvé, sur le dessus et en dehors du coffret de métal, une enveloppe cachetée. Comme ce lustre était placé sous la mansarde occupée par le fils de M. Fauville, il est évident que M. Fauville pouvait, en soulevant les lames du plancher de cette mansarde, atteindre la partie supérieure du mécanisme agencé par lui. C’est ainsi que, au cours de la dernière nuit, il a placé là cette enveloppe cachetée, où, du reste, il a inscrit la date même du crime : « Tren-