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Il y eut comme une secousse électrique parmi les personnes du groupe, et l’une d’elles s’avança. C’était le sous-chef Weber.

Les deux hommes se regardèrent un instant jusqu’au plus profond des yeux. Don Luis souriait aimablement. Weber était livide, un tremblement agitait ses lèvres, et l’on voyait tous les efforts qu’il faisait pour se contenir.

Auprès de lui, il y avait, outre deux journalistes, quatre agents de la Sûreté.

« Bigre ! ces messieurs sont là pour moi, pensa don Luis. Mais leur ahurissement prouve bien qu’on ne croyait pas que j’aurais le culot de venir. Vont-ils m’arrêter ? »

Weber ne bougea pas, mais à la fin, son visage exprimait un certain contentement, comme s’il se fût dit : « Toi, mon bonhomme, je te tiens. Tu n’y couperas pas. »

L’huissier revint et, sans un mot, montra le chemin à don Luis.

Don Luis passa devant Weber avec le salut le plus affable, fit également un petit signe amical aux agents, et entra.

Aussitôt, le commandant comte d’Astrignac se hâta vers lui, la main tendue, montrant ainsi que tous les racontars n’atteignaient en rien l’estime qu’il gardait au légionnaire Perenna. Mais l’attitude réservée du préfet de police fut significative. Il continua de feuilleter le dossier qu’il examinait et de causer à mi-voix avec le secrétaire d’ambassade et le notaire.

Don Luis songea :

« Mon bon Lupin, il y a quelqu’un qui sortira d’ici le cabriolet de fer aux poignets. Si ce n’est pas le vrai coupable, ce sera toi, mon pauvre vieux. À bon entendeur… »

Et il se rappela le début de l’aventure, lorsqu’il se trouvait dans le bureau de l’hôtel Fauville, devant les magistrats, et qu’il lui fallait, sous peine d’arrestation