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vait la négliger. Le préfet de police, qui conservait tous ses doutes à l’égard de Florence et qui attachait une importance extrême à la capture de la jeune fille, enjoignit à Weber et à ses hommes de suivre cette piste sans plus tarder. Don Luis accompagna le sous-chef.

Tout de suite l’événement donna raison au préfet de police. Florence s’était réfugiée dans l’hôtel meublé de l’île Saint-Louis, où elle avait retenu une chambre sous un nom d’emprunt. Mais elle n’était pas arrivée qu’un petit gamin se présentait au bureau de l’hôtel, la faisait demander et l’emmenait avec lui.

On monta dans la chambre et l’on trouva un paquet enveloppé d’un journal et qui contenait une robe de religieuse. Donc aucune erreur possible.

Plus tard, dans la soirée, Weber réussit à découvrir le petit gamin. C’était le fils d’une concierge habitant le quartier. Où avait-il pu conduire Florence ? Interrogé, il répondit que pour rien au monde il ne trahirait la dame qui s’était confiée à lui et l’avait embrassé en pleurant. La mère le supplia. Son père le gifla. Il fut inflexible.

En tout cas, on pouvait conclure de l’incident que Florence n’avait pas quitté l’île Saint-Louis ou les environs immédiats de l’île Saint-Louis.

Toute la soirée on s’obstina. Weber avait établi son quartier général dans un cabaret où les renseignements étaient centralisés et où les agents revenaient de temps à autre prendre ses ordres. En outre, il demeurait en communication permanente avec la Préfecture.

À dix heures et demie, un peloton d’agents envoyé par le préfet vint se mettre à la disposition du sous-chef. Mazeroux, qui arrivait de Rouen, furieux contre Florence, s’était joint à ce peloton.

Les recherches continuèrent. Peu à peu, don Luis en avait pris la direction, et c’était pour ainsi dire sur ses inspirations que Weber sonnait à telle porte ou interrogeait telle personne.

À onze heures, la chasse demeurait toujours sans résultat. Une inquiétude violente crispait don Luis.

Mais un peu après minuit un coup de sifflet strident rallia tous les hommes à l’extrémité orientale de l’île, au bout du quai d’Anjou. Là, deux agents les attendaient, entourés d’un groupe de passants. Ils venaient d’apprendre que, plus loin, sur