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— Monsieur le président, votre assentiment sera un acte de justice et je vous supplie de me l’accorder. Le brigadier Mazeroux quittera la France. Il sera chargé par le gouvernement d’une mission secrète dans le sud du Maroc et portera le titre d’inspecteur colonial.

— Adjugé, dit Valenglay en riant de plus belle.

Et il ajouta :

— Mon cher préfet, quand on sort des voies légales, on ne sait plus où l’on va. Mais qui veut la fin veut les moyens, et la fin, c’est d’en terminer avec cette abominable histoire Mornington.

— Ce soir tout sera réglé, fit don Luis.

— Je l’espère. Nos hommes sont sur la piste.

— Ils sont sur la piste, mais à chaque ville, à chaque village, auprès de chaque paysan rencontré, ils doivent contrôler cette piste, s’informer si l’auto n’a pas bifurqué et ils perdent du temps. Moi, j’irai droit sur le bandit.

— Par quel miracle ?

— C’est encore mon secret, monsieur le président. Je vous demanderai seulement de vouloir bien donner à M. le préfet pleins pouvoirs pour lever toutes les petites difficultés et toutes les petites consignes qui pourraient entraver l’exécution de mon plan.

— Soit. En dehors de cela avez-vous besoin de quelque chose ?

— De cette carte de France.

— Prenez.

— Et de deux brownings.

M. le préfet aura l’obligeance de demander deux revolvers à ses inspecteurs, et de vous les remettre. C’est tout ? De l’argent ?

— Merci, monsieur le président. J’ai toujours, en cas d’urgence, les cinquante mille francs indispensables.

Le préfet de police interrompit :

— Alors, il est nécessaire que je vous fasse accompagner jusqu’au Dépôt. Je suppose que votre portefeuille est parmi les objets qui ont été saisis sur vous.

Don Luis sourit.

— Monsieur le préfet, les objets que l’on peut saisir sur moi n’ont jamais la moindre espèce d’importance. Mon portefeuille est en effet au Dépôt. Mais l’argent…

Il leva la jambe gauche, prit son pied entre ses mains, et imprima à son talon