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Il bredouillait :

— L’inspecteur… l’inspecteur Vérot ? Il est mort, n’est-ce pas ? On m’a dit…

— Oui, monsieur, il est mort.

— Trop tard ! J’arrive trop tard, balbutia-t-il.

Et il s’effondra, les mains jointes, en sanglotant :

— Ah ! les misérables ! les misérables !

Son crâne chauve surmontait un front que rayaient des rides profondes. Un tic nerveux agitait son menton et tirait les lobes de ses oreilles. C’était un homme de cinquante ans environ, très pâle, les joues creuses, l’air maladif. Des larmes roulaient dans ses yeux.

Le préfet lui dit :

— De qui parlez-vous, monsieur ? De ceux qui ont tué l’inspecteur Vérot ? Vous est-il possible de les désigner, de guider notre enquête ?…

Hippolyte Fauville hocha la tête.

— Non, non. Pour l’instant, cela ne servirait de rien… Mes preuves ne suffiraient pas… Non, en vérité, non.

Il s’était levé déjà et s’excusait :

— Monsieur le préfet, je vous ai dérangé inutilement… mais je voulais savoir… J’espérais que l’inspecteur Vérot aurait échappé… Son témoignage réuni au mien aurait été précieux. Mais peut-être a-t-il pu vous prévenir ?

— Non, il a parlé de ce soir… de cette nuit…

Hippolyte Fauville sursauta.

— De ce soir ! Alors, ce serait déjà