Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dressé sur son lit, le vieillard semblait en extase. De l’horreur, autour de lui, flottait, silencieuse. Il se recoucha. C’était la fin. Son âme, en s’obscurcissant, put encore épancher quelques paroles sereines :

— Chère mort, sœur miséricordieuse de la mauvaise vie, ta caresse m’est douce. Chaque mort naît avec chaque vie. Chacun a la sienne dès le berceau. C’est l’ange gardien. Et il tient dans ses mains secourables le remède suprême… Ce remède, je l’ai donné, puisque j’en étais détenteur… Je suis content… Je suis joyeux… Je sais… Et, maintenant, ma chère mort, ma mort à moi, grande sœur consolatrice, amie fidèle, prends mes lèvres, prends mon cœur… ô maîtresse qui mourras avec ma vie…

MAURICE LEBLANC
(Reproduction interdite.)