Page:Leblanc - Les Heures de mystère, paru dans Gil Blas, 1892-1896.djvu/73

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mais de leur entrevue. Pourquoi leur passion s’était-elle dissipée durant les minutes, impatiemment attendues, qui les avaient réunis ? Pourquoi leur passion renaissait-elle maintenant qu’ils ne se voyaient plus ? Ne pouvaient-ils donc s’aimer désormais que par l’imagination, et la réalité les frappait-elle d’indifférence ?

Cela, ils ne le comprenaient pas. Et ils n’essayaient pas de le comprendre. Ils restaient tremblants devant l’horrible souvenir. Ils sentaient qu’ils avaient été la proie de forces inconnues, de tout ce qui est obscur, ténébreux, complexe, illogique, déconcertant, surnaturel, de tout ce qui ne peut s’expliquer ni par des causes visibles ni par des motifs irréfutables.

Oh ! le mystère des âmes, des âmes éternellement inconscientes !…

MAURICE LEBLANC
(Reproduction interdite.)