Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/113

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Horace, dominant son angoisse, écouta, regarda. Il ne vit rien, n’entendit plus de coups de sifflet, plus de rugissement… Partout un calme qui lui parut sinistre.

Alors, suivant le conseil du bandit, il chercha. À quelque distance s’étendaient en masse sombre les bois qui entouraient le château des Corneilles. Il y entra par une brèche du mur. Les arbres étaient clairsemés, tout d’abord, la forêt vierge, lui avait-on dit, ne commençant qu’à une certaine distance des alentours immédiats du château.

Un nouveau rugissement s’éleva à deux cents mètres au plus. Velmont s’arrêta, inquiet malgré son courage. Sans aucun doute la bête l’ayant flairé accourait à sa rencontre. Il réfléchit rapidement. Que pouvait-il faire ? Il n’avait pour se défendre qu’un revolver de petit calibre. Du reste, comment viser si la tigresse surgissait soudain de l’épaisseur du taillis ?

Des bruits de feuilles foulées, de branchages froissés… de plus en plus près. La bête approchait. Il entendit son feulement sourd, son souffle rageur, sans pouvoir la distinguer.

Mais elle le voyait sûrement, elle, et s’apprêtait à bondir sur sa proie.

Horace s’élança avec une agilité d’acrobate. Il s’accrocha d’un coup à une branche d’arbre assez haute et se rétablit sur ses poignets. Il sentit, non pas un croc, mais le choc puissant d’un mufle chaud qui heurtait sa jambe. Il se dressa sur sa branche, réussit à saisir une autre branche plus élevée et ainsi il grimpa aisément jusqu’à une hauteur inaccessible.

La tigresse, après son premier assaut infructueux, ne tenta pas de nouvelles attaques. Bientôt Horace la devina qui partait, trottinant vers la