D’un bond, Patricia s’élança au secours des intrus, suivie d’Horace qui s’exclama :
« Allons, parlez donc, sinon vous êtes fichus ! Combien êtes-vous ? Trois, n’est-ce pas, dont l’illustre Béchoux ? Allons, réponds, policier de mon cœur.
— Oui. C’est moi, Béchoux, déclara le policier, toujours par terre et terrifié par Saïda hérissée et grondante.
— Et tu venais pour m’arrêter ? poursuivit Velmont.
— Oui.
— Arrête d’abord Saïda, mon vieux. Peut-être qu’elle se laissera faire. Vraiment t’as pas de veine ! Veux-tu qu’elle s’en aille ?
— Ça me ferait plaisir ! dit Béchoux avec conviction.
— Alors, je ne peux rien te refuser, doux ami ! On va te satisfaire. Du reste, ça vaudra mieux, sans ça j’aurais peur pour l’intégrité de ton beau physique ! Allons, Patricia Johnston, veuillez nous débarrasser de votre garde du corps. »
La jeune femme, une main sur la tête de la tigresse, qui se frottait contre elle avec un ronronnement pareil à celui d’une machine à vapeur, appela :
« Rodolphe ! Mon chéri ! »
L’enfant vint se jeter dans ses bras, puis Patricia ordonna, avec un geste vers le dehors :
« Saïda, c’est l’heure de reconduire ton petit maître. Va, Saïda ! va, ma belle ! et tout doucement, n’est-ce pas ? »
La tigresse avait paru écouter avec attention. Elle regarda avec un visible regret Béchoux, à qui elle eût aimé goûter, mais docile, se décida à obéir, fière du reste de la mission qu’on lui confiait. Elle avança pas à pas devant Rodolphe et lui tendit son dos puissant. L’enfant s’y hissa, lui donna une petite tape sur la tête, lui noua les bras au cou et cria :
« En avant ! »
L’énorme bête prit son élan et en deux foulées fut hors de la pièce. Un moment plus tard, là-bas, les chiens aboyèrent dans la nuit.
Horace prononça :
« Vite, Béchoux, sors de sous le plumard avec tes petits amis. Dans dix minutes, elle sera de retour. Mais dépêche-toi donc ! Tu as un mandat contre moi ? »