Il y eut un silence morne. Patricia semblait accablée. Lupin reprit plus bas :
« Et quel nom porterait Rodolphe ? Quelle serait sa situation sociale ? On n’est pas le fils de Lupin… »
Un autre silence tomba. Patricia hésitait encore, mais elle savait bien que le sacrifice était inévitable.
« Je cède, dit-elle enfin. Mais à la condition que je vous reverrai, vous.
— Le mariage n’aura lieu que dans six mois, Patricia… »
Patricia sursauta, le regarda, et son visage s’illumina d’une joie folle.
« Six mois ! Que ne le disiez-vous plus tôt ! Six mois ! Mais c’est une éternité !
— Plus encore, si on sait bien les employer. Hâtons-nous, dit Lupin. »
Il remplit deux verres de champagne.
« J’ai acheté le yacht de Junior, reprit-il. C’est à son bord que je compte retourner en France. La police me laissera tranquille, elle a trop besoin de moi pour m’embêter. Je suis bien avec le préfet, Ganimard fera taire Béchoux, car je l’ai prévenu : ma tranquillité contre mon silence. Oui ; pour l’histoire du déshabillage. Voyez-vous ça dans les revues de fin d’année, l’inspecteur principal en caleçon. Il serait ridicule à jamais… et il m’a promis une place pour voir guillotiner Maffiano. »
Patricia n’écoutait plus, elle ne pensait qu’à eux deux.
« Je vais repartir avec toi sur le yacht, dit-elle, rose de joie, à Lupin. Ce sera délicieux ! Partons le plus tôt possible. »
Lupin se mit à rire.
« Tout de suite, à l’instant même !… Et, l’océan traversé, nous remonterons le cours de la Seine jusqu’à Maison-Rouge, où nous nous installerons. Tu reverras Rodolphe… Ce sera charmant ! »
Il prit son verre et l’éleva :
« À notre bonheur ! »
Et Patricia répondit en écho :
« À notre bonheur ! »