Page:Leblanc - Les Milliards d'Arsène Lupin, paru dans L'Auto, 1939.djvu/97

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teuil, quand les inspecteurs étaient revenus au pavillon pour un supplément d’enquête, ils n’avaient pas trouvé le sieur Machin, ni la journaliste américaine, ni la vieille nourrice Victoire qui, ainsi, s’étaient affirmés suspects. Introuvables aussi les auteurs de l’agression, en elle-même inexplicable en dépit de toutes les enquêtes. Pouvait-on avouer tant de défaites ? Combien préférable de mettre toute l’affaire, ainsi que tant d’autres affaires obscures (et complètement différentes, du reste), sur le compte d’une ténébreuse Maffia et d’un chef de bande que ses exploits de cambrioleur devaient fatalement conduire au crime ! Belle occasion de ternir l’auréole de cet insaisissable personnage dont la célébrité et l’impunité semblaient un défi constant à l’autorité. La police ne manqua pas de saisir cette occasion, espérant une prompte revanche, comptant bien que les événements lui seraient propices et que les combattants de l’un ou l’autre camp, un jour ou l’autre, imploreraient sa collaboration et lui donneraient ainsi la possibilité d’entrer utilement dans la lutte et d’en tirer profit en coffrant tout le monde.

Patricia et Horace Velmont ne furent donc pas l’objet de recherches bien actives. La Sûreté avait décidé de « voir venir » et de laisser les suspects s’endormir dans une sécurité trompeuse (du moins à son égard).

En conséquence, Patricia et Horace Velmont, en compagnie de la vieille Victoire et du jeune Rodolphe, goûtèrent pendant quatre semaines un paisible repos dans le charmant domaine de Maison-Rouge au vaste parc ombreux. De ce parc, la principale avenue, sous une voûte de tilleuls, taillés en berceau, et entre des vases de pierre et des statues de marbre, bordait la Seine, devant un harmonieux panorama de prairies et de vergers en fleurs.

Dans le calme de cette retraite, Velmont coula des jours heureux. Il avait un heureux caractère qui lui permettait, quand il le voulait, de s’abstraire des plus graves soucis pour goûter le charme de la minute présente. Pour le moment, tout en se gardant avec soin, il ne voulait plus penser à Maffiano. Maffiano n’existait plus. Velmont était amoureux de Patricia. Il ne le lui disait pas. Leur intimité n’était qu’une amitié. Mais vivre auprès de la jeune femme dont il appréciait chaque jour plus le charme, l’intelligence et la juvénile gaieté, lui était très doux. Et la présence du petit Rodolphe était aussi fort douce et reposante pour