Page:Lebrun - Explication littérale historique et dogmatique des prières et des cérémonies de la messe - Tome 1 (1843).djvu/23

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tôt qu’il fut en état de s’appliquer ; et l’on sut bientôt après dans le monde qu’il avait en cette matière d’autres idées que le commun des auteurs. Sur quoi le Ministre Jurieu écrivit, qu’un savant homme de l’Ordre de Cluny préparait un ouvrage qui ferait tomber les Durand, les Biel, les Innocent, et leurs disciples, qui ont écrit des Mystères de la Messe ; et qu’il prouverait que toutes les cérémonies sont sans mystère. M. de Vert se défendit sagement de cet éloge dans une lettre à M. Jurieu même, et il repoussa par des réflexions courtes, simples, et en un sens littérales, toutes les fades plaisanteries que ce Ministre avait faites sur les cérémonies de la Messe. Cette lettre fut imprimée à Paris en 1690. Le public y applaudit, et conçut de nouvelles espérances de l’ouvrage qu’il attendait. M. de Vert était, ce semble, en état de le rendre excellent. Déjà trésorier de l’Abbaye de Cluny, il avait été fait Visiteur de l’Ordre : ce qui lui ouvrait les voies les plus faciles pour s’instruire des usages des églises, et pour en découvrir les anciens monumens. Les bénéfices dont il jouissait, lui donnaient d’ailleurs les moyens de fournir aux dépenses auxquelles les recherches peuvent engager. Que ne devait-on pas attendre de cet auteur ? Aussi dès que ses deux premiers volumes parurent en 1707 et en 1708, on fut plus porté à les louer qu’à les examiner avec soin. En effet, le dessein qu’avait l’auteur, d’éloigner les raisons imaginées par les prétendus mystiques, son application à découvrir les raisons littérales, et l’amas d’un grand nombre de faits curieux, de pratiques singulières et de remarques, qui pourraient du moins servir de mémoires à ceux qui travailleraient sur cette matière, méritaient certainement des louanges. On les donne sans crainte sur des points qui n’intéressent pas la foi ; et les lecteurs donnent d’autant plus facilement ces éloges, que quand ils n’ont pas approfondi une matière, quelque savans qu’ils soient d’ailleurs, ils peuvent être aussi satisfaits du vraisemblable, qu’ils le seraient du vrai. Mais quand des personnes attentives, versées dans l’antiquité ecclésiastique, et accoutumées à chercher les origines dans les anciens monumens, ont lu l’ouvrage avec de sages précautions contre tout ce qui pourrait être imaginé, on a reconnu que M. de Vert avait trop donné dans les conjectures de quelques modernes, qu’il avait trop