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POÈMES ANTIQUES.

À mes yeux transportés éblouissante et nue,
Moins sublime, apparut du milieu de la nue !
N’es-tu point Euphrosyne au corps harmonieux
Dont rêvent les humains et qu’admirent les Dieux ?
Ou la blonde Aglaé dont les molles paupières
Enveloppent les cœurs d’un tissu de lumières ?
L’or de tes cheveux brûle, et tes yeux fiers et doux
Font palpiter le sein et courber les genoux.
Tes pieds divins sans doute ont foulé les nuées !
Les vierges de Phrygie aux robes dénouées,
Etoiles qui du jour craignent l’auguste aspect,
Vont pâlir devant toi d’envie et de respect.
Viens ! Aphrodite veut qu’aux bords sacrés de Troie
J’emporte avec orgueil mon éclatante proie !
Elle-même, prodigue en son divin secours,
De ma rapide nef a dirigé le cours.


HÈLÈNE.


Ô vous, fils du grand Zeus, Dioscures sublimes,
Qui de l’Olympe auguste illuminez les cimes,
Vous qui, levant la pique et le ceste guerrier,
Jadis avez conquis le divin bélier !
Chère gloire d’Hellas, amis de mon enfance,
Mes frères, entendez votre sœur qu’on offense !
Et toi, vierge Pallas, gardienne de l’hymen,
Qui portes l’olivier et la lance en ta main,
Vois combien ce regard me pénètre et m’enflamme !
Mets ta force divine, ô Pallas, dans mon âme ;
Soutiens mon lâche cœur dans ce honteux danger.