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LES BUCOLIASTES.


I


Bélier, pais l’herbe en fleur ; et toi, chèvre indocile,
Broute l’amer cytise aux pentes du coteau ;
Lampuros, mon bon chien, veille sur le troupeau.
Pour moi, tel que Daphnis, le bouvier de Sicile,
Je meurs ! Et Theugénis a creusé mon tombeau.


II


Ô pasteur des béliers, gardien des noires chèvres,
Jamais chanson pareille ici ne résonna !
Et la plainte est plus gaie, oui ! Par Perséphona !
Que la glauque Amphitrite exhale de ses lèvres
Et que le vent d’Épire apporte au vieil Aitna !


I


Ami, prends ma syrinx, si légère et si douce,
Dont la cire a gardé l’odeur du miel récent :
Brûle-la comme moi qui meurs en gémissant ;
Et sur un humble autel d’asphodèle et de mousse
Du plus noir de mes boucs fais ruisseler le sang.