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POÈMES ANTIQUES.



III



Viens, tu seras un Dieu ! Sur ta mâle beauté
Je poserai le sceau de l’immortalité ;
Je te couronnerai de jeunesse et de gloire ;
Et sur ton sein de marbre, entre tes bras d’ivoire,
Appuyant dans nos jeux mon front pâle d’amour,
Nous verrons tomber l’ombre et rayonner le jour
Sans que jamais l’oubli, de son aile envieuse,
Brise de nos destins la chaîne harmonieuse.
J’ai préparé moi-même au sein des vastes eaux
Ta couche de cristal qu’ombragent des roseaux ;
Et les Fleuves marins aux bleuâtres haleines
Baigneront tes pieds blancs de leurs urnes trop pleines.
Ô disciple de Pan, pasteur aux blonds cheveux,
Sur quels destins plus beaux se sont portés tes vœux ?
Souviens-toi qu’un Dieu sombre, inexorable, agile,
Desséchera ton corps comme une fleur fragile...
Et tu le supplieras, et tes pleurs seront vains.
Moi, je t’aime, ô pasteur ! et dans mes bras divins
Je sauverai du temps ta jeunesse embaumée.
Vois ! d’un cruel amour je languis consumée,