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LES ÉRINNYES.

De voir enfin surgir la vengeance embusquée ;
Car les divinateurs ont révélé ceci,
Que le châtiment veille, et n’est pas loin d’ici.
Ils savent le secret des songes et des charmes.


KALLIRHOÈ.

Pour nous, à qui les Dieux ont tout pris, sauf les larmes,
Soumises au destin de maîtres malheureux,
Laissons notre misère et gémissons sur eux.


ISMÈNA.

Va ! sur la noble proie, inerte et chaude encore,
La meute aux yeux ardents hurle et s’entre-dévore !
Nos temples, nos foyers, nos pères d’ans chargés,
Nos frères, nos époux, nos enfants sont vengés :
Troie est morte ! qu’Hellas meure de sa victoire !


KALLIRHOÈ.

Ô femmes, laissons faire au Sort expiatoire :
Gardons-nous d’ajouter à ces calamités
Par le contentement de nos cœurs irrités.
La bienveillance sied à l’esclave lui-même.


ISMÈNA.

Nous aimons la divine Élektra qui nous aime.
Innocente des maux que nous avons soufferts,
Toujours ses belles mains ont allégé nos fers.
La voici. Que pour elle un jour meilleur renaisse !