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POÈMES TRAGIQUES.

Pour toi, pour vous aussi, femmes, sur ce tombeau
Versez le vin funèbre, apaisez de nouveau
Par les chants consacrés l’Ombre irritée encore,
Et rendez à mes nuits le sommeil que j’implore !

Elle rentre dans le palais, suivie d’Orestès.



V

ÉLEKTRA, KALLIRHOÈ, ISMÈNA,
Le Chœur des Khoéphores.


KALLIRHOÈ.

Cette femme n’a point reconnu son enfant !


ISMÈNA.

Sans doute il est aimé d’un Dieu qui le défend.
Aussi bien, il est doux, après les nuits sans nombre,
De n’entendre plus rien d’invisible dans l’ombre,
En arrière, et de voir avec des yeux hardis
L’aube croître et le jour tomber. Je vous le dis :
Elle croit qu’il est mort, et l’embûche est certaine !


ÉLEKTRA.

Hélas ! toujours l’attente, et l’angoisse, et la haine !
Après la sombre veille un sombre lendemain,