Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/72

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Ô nouveau-nés du jour, par mobiles essaims,
Effleurez, Papillons, la neige de leurs seins !
Colombes, baignez-les des perles de vos ailes !
Rugissez, ô Lions ! Bondissez, ô Gazelles !
Vous, ô Lampes d’onyx, vives d’un feu changeant,
Parfumez le parvis où sur son lit d’argent
Adônis est couché, le front ceint d’anémones !
Et toi, cher Adônis, le plus beau des Daimones,
Que l’ombre du Hadès enveloppait en vain,
Bien-aimé d’Aphrodite, ô Jeune homme divin,
Qui sommeillais hier dans les Champs d’asphodèles !
Adônis, qu’ont pleuré tant de larmes fidèles
Depuis l’heure fatale où le noir Sanglier
Fleurit de ton cher sang les ronces du hallier !
Bienheureux Adônis, en leurs douces caresses
Les vierges de Byblos t’enlacent de leurs tresses !
Éveille-toi, souris à la clarté des cieux,
Bois le miel de leur bouche et l’amour de leurs yeux !