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L’APOLLONIDE.

Vieillard. Mes longs ennuis, tu les connais sans doute.
Épouse sans enfants, Reine sans héritier,
Je craignais que la mort ne tarît tout entier
Le sang de mes aïeux dans mes stériles veines ;
Mais les Dieux, devant qui mes larmes étaient vaines,
Me rendaient vénérable à mes peuples, et tous
M’honoraient à l’égal de mon royal Époux.
Maintenant, sache-le, ma honte est assurée ;
Xouthos en a reçu la promesse sacrée ;
Je n’ai plus d’espérance, et les Dieux ont rendu
Au père clandestin un fils longtemps perdu.


LE VIEILLARD.

Certes, dans Athèna la rumeur est venue
Qu’un beau jeune homme, né d’une mère inconnue,
Fut nourri par le Dieu de l’antre Pythien,
Qu’il est fils de Xouthos.


KRÉOUSA.

                                             Vieillard, mais non le mien !


LE VIEILLARD.

Cette joie, ô ma fille, hélas ! te fut ravie
De voie ainsi renaître et refleurir ta vie.
Nous savons tes douleurs : tu n’as pas eu d’enfant.


KRÉOUSA.

Je te le dis, la honte en vain me le défend…