Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
121
DEUXIÈME PARTIE.

Cet Éphèbe, si beau dans sa jeunesse en fleur,
A-t-il causé ma honte et voulu ma douleur ?
Et dès que je l’ai vu, sur les marches sacrées
Du Temple, couronné de ses boucles dorées,
L’arc en main, souriant dans la lumière, et tel
Que m’apparut jadis l’éclatant Immortel,
Un invincible attrait ne m’a-t-il pas charmée ?
Mon fils, j’ai cru ravoir ta tête bien-aimée !
Oh ! que n’est-il ce fils doux et cher à mes yeux !

Un silence.

Qu’ai-je fait ? Est-il vrai ? le sang prodigieux
Du Monstre va glacer sa jeune âme trahie !
Ce funeste vieillard m’a trop vite obéie.
Puisse un Dieu ralentir les rapides instants
Et m’épargner ce noir forfait, s’il en est temps !
Apollôn ! Apollôn ! Je ne veux pas qu’il meure !