Aux jours libérateurs où l’Ange, ceint du glaive,
Frappait l’Assyrien dans l’orgueil de son rêve,
Et prodiguait la chair des guerriers aux vautours,
Jérusalem montait au sommet de ses tours ;
Et voyant, par milliers, cette armée inhumaine,
Semblable aux épis mûrs joncher au loin la plaine,
Et dans un tourbillon, les chevaux effarés,
Hennissants, entraîner les chars désemparés ;
La cité de David, joyeuse et hors des tentes,
Triomphait et poussait des clameurs éclatantes !
L’Ange exterminateur a-t-il, comme autrefois,
D’un vertige de mort saisi le cœur des rois,
Et, pour glorifier la race bien-aimée,
Eteint dans une nuit la rumeur d’une armée ?
Non ! si Jérusalem exhale un cri joyeux,
C’est que le Fils de l’homme agonise à ses yeux ;
C’est que, multipliant l’outrage et l’anathème,
Elle peut désormais le frapper elle-même,