Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/83

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La masse épaisse, aux poils épars, toujours accrue,
Écrasant blessés, morts, chaparals rabougris,
Franchissant les rochers et les cours d’eau, se rue
Parmi les râlements d’agonie et les cris.

Au loin, et derrière eux, mais rivés à leurs traces,
Les loups blancs du désert suivent silencieux,
Avec la langue hors de leurs gueules voraces
Et dardant de désir la braise de leurs yeux.

Puis tout cela, que rien n’entrave ni n’arrête,
Beuglements, clameurs, loups, cavaliers vagabonds,
Dans l’espace, comme un tourbillon de tempête,
Roule, fuit et s’enfonce et disparaît par bonds.