Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/89

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Mais sur le vieux Piton, roi des monts ses vassaux
Hôte du ciel, seigneur géant des grandes Eaux,
Qui dresse, dédaigneux du fardeau des années,
Hors du gouffre natal ses parois décharnées,
Un silence sacré s’épand de l’aube en fleur.
Jamais le Pic glacé n’entend l’oiseau siffleur,
Ni le vent du matin empli d’odeurs divines
Qui rit dans les palmiers et les fraîches ravines,
Ni parmi le corail des antiques récifs,
Le murmure rêveur et lent des flots pensifs,
Ni les vagues échos de la rumeur des hommes.
Il ignore la vie et le peu que nous sommes,
Et calme spectateur de l’éternel réveil,
Drapé de neige rose, il attend le Soleil.