Page:Leconte de Lisle - Discours, 1887.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Marion de Lorme avec cette dédicace autographe : « A mon bon, loyal et vaillant ami Alexandre Dumas. » Ce sont les seuls titres de mon père que je veuille rappeler ici.

Ils lui suffiront pour le moment. Le talent, c’est bien ; le caractère, c’est mieux. Pendant l’exil, celui qui était resté en France dédiait à l’exilé un de ses drames qui venait d’avoir un grand succès et l’exilé lui répondait par une pièce des Contemplations. Un jour que j’avais à annoncer au maître un événement heureux de ma vie, je lui écrivis et je mis sur l’enveloppe ces seuls mots : Victor Hugo, Océan. La lettre lui arriva tout droit, et il fut touché de cet hommage, de cette image en deux mots. Quand je me suis présenté aux suffrages de l’Académie, Victor Hugo, qui n’était pas revenu ici depuis son retour en France, y est revenu voter pour moi, pour le fils de son ancien ami, et ensuite obstinément pour vous, car il votait toujours pour vous, quel que fût le candidat. Enfin, d’autres, beaucoup d’autres, dans notre compagnie, auraient parlé de lui avec plus d’éloquence que moi, aucun ne l’aurait fait avec plus de respectueuse et tendre sincérité. C’était, je crois, ce que tout le monde voulait. Voilà, Monsieur, comment je me trouve en face de vous. Nous sommes réunis par l’admiration et par la reconnaissance.

Ce sont les liens les plus forts et les plus doux pour des cœurs un peu élevés. Il y a, dans Victor Hugo, trois hommes : le poète, le philosophe, le politique.