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Septième siècle.

Dictionnaire des hérésies, le pape Honorius, à qui saint Sophrone avait écrit, s’était laissé séduire par une lettre artificieuse de Sergius qui, sans nier distinctement les deux volontés en Jésus-Christ, semblait soutenir seulement qu’elles étaient une. »

Nous ne pouvons certainement concevoir comment Sergius admettait qu’il n’y eût qu’une seule volonté, sans nier cependant qu’il y en eût deux. Le pape Honorius répondit donc à Sergius ces paroles imprudentes : « Confessons une seule volonté dans le Christ, parce que la divinité n’a pas pris notre péché, mais notre nature telle qu’elle était avant d’avoir été corrompue par le péché. »

Il est vrai que ce malheureux pape écrivit une seconde fois au patriarche de Constantinople qu’il fallait laisser cette chicane à l’oisiveté des grammairiens ; mais cette facilité et cette tolérance d’Honorius lui attirèrent, longtemps après sa mort, les qualifications désagréables d’hérétique et de fauteur d’hérésies. Trois Conciles généraux le condamnèrent ouvertement et nominativement, ce qui nous semble en contradiction avec le dogme de l’infaillibilité papale.

Le cardinal Baronius a beau s’écrier : « Les papes n’ont jamais erré ; j’en appelle aux papes eux-mêmes ! » cette exclamation singulière n’empêche pas que trois Conciles généraux, le sixième, le septième et le huitième, n’aient condamné Honorius. Or, il est impossible que le Saint-Esprit, qui dicte les décisions des Conciles généraux, ait tort, et que le cardinal Baronius ait raison. Le cardinal Baro-