Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/227

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Belles et beaux, couchés dans leur blanche khlamyde
Que le sang par endroits teint de sa pourpre humide.
L’une garde en tombant le sourire amoureux
Dont ses lèvres brillaient en des jours plus heureux ;
L’autre, calme, et dormant dans sa pose amollie,
Couvre de ses cheveux son jeune flanc qui plie…
Leurs frères, à leurs pieds, par la Parque surpris,
Gisent amoncelés au milieu des débris.
Amphion, à l’aspect de sa famille éteinte,
Dans l’ardente douleur dont son âme est atteinte,
Ouvre son sein royal, et, sous un coup mortel,
Presse le front des siens de son front paternel.
Niobé le contemple, immobile et muette,
Et, de son désespoir, comprimant la tempête,
Seule vivante au sein de ces morts qu’elle aimait,
Elle dresse ce front que nul coup ne soumet.