Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/277

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De générations embrasse un vaste nombre ;
Moi qui de l’avenir perce le voile sombre...
Il me semble, qu’hier j’ai vu les premiers cieux !
Que Phyllire, ma mère, en son amour joyeux,
Hier en ses doux bras abritait ma faiblesse !
Ne touché-je donc pas à l’aride vieillesse ?
N’ai-je pas sur la terre usé de mes pieds durs
La tombe des héros tombés comme fruits mûrs ?
Et cet âge éternel qu’on daigna me promettre,
Est-ce un rapide jour qui semble toujours naître ?
Sombre destin, pensée où tout est résolu,
Ô destin, tout mourra quand tu l’auras voulu.

Et durant ce discours, Orphée aux yeux splendides,
Lisant sur ce grand front tout sillonné de rides
La profonde pensée et le secret du sort,