Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

S’écartaient au devant de sa mâle vitesse.

Je reposais au pied d’un chêne aux noirs rameaux,
Les mains teintes encor du sang des animaux ;
Car depuis qu’Hélios dont le monde s’éclaire
Avait poussé son char dans l’azur circulaire ;
Par les taillis épais d’arbustes enlacés,
Sur les rochers abrupts de mousses tapissés,
Sans relâche, j’avais de mes mains meurtrières
Percé les cerfs légers errant dans les clairières ;
Et, des fauves lions suivant les pas empreints,
D’un olivier noueux brisé leurs souples reins.
Artémis s’arrêta sous le chêne au tronc rude,
Et d’une voix divine emplit la solitude :

— Khiron, fils de Saturne, habitant des forêts,