Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/298

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Dans le repos premier rentrent de toutes parts ;
Et, d’une vie antique effaçant le vestige,
Unissent dans la mort les rameaux à la tige.

Les Pasteurs, refoulés par ces torrents humains,
Se frayaient, gémissants, d’inhabiles chemins.
Emportant de leurs dieux les géantes images,
Les uns par grands troupeaux fuyaient sur les rivages ;
Les autres, unissant les chênes aux troncs verts,
Allaient chercher sur l’onde un meilleur univers…
Et quand tout disparut, race morte ou vivante,
Moissonnée en monceaux, en proie à l’épouvante ;
Je vis, sur les débris de ce monde effacé,
Un nouveau monde croître ! Et vers les cieux poussé
Comme un chêne noueux aux racines sans nombre,
Epancher sur le sol sa fraîcheur et son ombre ;