Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/305

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Il le lance, et le corps du géant granitique
Retombe en tournoyant et brise son front dur
Comme le pied distrait écrase le fruit mûr.
Polybote éperdu fuit dans la mer profonde,
Et ses reins monstrueux dominent au loin l’onde,
Et de ses larges pas mieux que les lourds vaisseaux,
Il franchit sans tarder l’immensité des eaux.
Poséidon l’aperçoit ; de ses bras formidables
Il enlève Nysire et ses grèves de sables
Et ses rochers moussus ; il la dresse dans l’air,
Et l’île aux noirs contours vole comme l’éclair,
Gronde, frappe, et les os du géant qui succombe
Blanchissent les parvis de son humide tombe.
Tous croulent au Tartare, où neuf fois, de ses flots,
La Styx qui les étreint étouffe leurs sanglots ;
Et les dieux, oubliant les discordes funestes,