Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/319

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La flamme où tous vont boire et se vivifier
Au fils de Kalliope, au chanteur solitaire
Que chérissent les dieux et qu’honore la terre.

Mais le sombre horizon des cieux, les monts dormants
Qui baignent leurs pieds lourds dans les flots écumants,
Les forêts dont l’Euros fait osciller les branches,
Tout s’éveille, s’argente à des clartés plus blanches ;
Et déjà, de la nuit illuminant les pleurs,
L’Aurore monte au sein d’un nuage de fleurs.
Orphée a vu le jour : — Ô toi que je révère,
Ô grand vieillard, dit-il, dont le destin sévère
D’un voile de tristesse obscurcit le déclin,
Je te quitte, ô mon père ! Et, comme un orphelin
Baigne, au départ, de pleurs des cendres précieuses,
Je t’offre le tribut de mes larmes pieuses.