Page:Leconte de Lisle - Poëmes antiques, 1852.djvu/359

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Les Suras bienheureux qui calment les douleurs,
Cygnes aux corps de neige, aux guirlandes de fleurs,
Gardaient le réservoir des âmes, le saint fleuve,
La coupe de saphir où Bhagavat s’abreuve.
Aux pieds des jujubiers déployés en arceaux,
Trois sages méditaient, assis dans les roseaux ;
Des larges nymphéas contemplant les calices
Ils goûtaient, absorbés, de muettes délices.
Sur les bambous prochains, accablés de sommeil,
Les aras aux becs d’or luisaient en plein soleil,
Sans daigner secouer, comme des étincelles,
Les oiseaux qui mordaient la pourpre de leurs ailes.
Revêtu d’un poil rude et noir, le roi des ours
Au grondement sauvage, irritable toujours,
Allait, se nourrissant de miel et de bananes.
Les singes oscillaient suspendus aux lianes.