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Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine,
Entre ses bras tendus sa vision divine ;
Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé,
Sa cavale piétine et son rêve est troublé.
Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,
Et le grand ciel cuivré sur l’étendue immense.


Dans sa halte d’un jour, sous l’arbre desséché,
Tout rêveur, haletant de vivre, s’est couché,
Et comme le Bédouin, ployé de lassitude,
A dormi ton sommeil, ô morne solitude !
Oublieux de la terre, et d’un cœur irrité,
Il veut saisir l’amour dans son éternité ;
Et toujours il renaît à la vie inféconde
Pâle et désespéré dans le désert du monde.