Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle seule eut pour moi l’amour dont j’ai besoin,
Qu’elle soit de mes jours l’invisible témoin ;
Et que son ombre enfin, compagne solitaire,
De mes pas inconnus soit l’appui salutaire.
Elle n’est point encor tout entière au tombeau,
Mon cœur est pour son nom comme un dernier écho ;
Qu’il batte encor long-temps, pour qu’elle vive encore.
Cette vie attendue et pourtant qu’on ignore,
Qui se lève sur nous, quand nos yeux sont fermés,
N’est-ce pas de laisser à des cœurs bien aimés
Des jours de souvenir, qui soient lents à s’éteindre ?
Pour moi, c’est là le ciel que je voudrais atteindre.
Avec ceux qu’on chérit il est doux d’expirer ;
Mais lorsque le Trépas a cru nous séparer,
L’amour est de survivre aux amis que l’on pleure,
De leur aarder en nous leur dernière demeure.
Ma mère’, tu vivras, tant que vivra ton fils ;
Nous sommes séparés et non pas désunis ;
Je n’ai perdu de toi qu’une image souffrante,
Autour de mes regards elle est’encore errante,