Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/215

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Tu le sais ! et pourtant ta bonté, qui m’outrage,
S’étonne que mon front, toujours triste et sauvage,
Même sous ton regard conserve sa pâleur :
Tu m’accuses, grand Dieu ! de jouer le malheur,
Va ! l’incrédulité n’est qu’un voile de l’âme,
Qui cherche à se cacher la froideur qu’elle blâme,
Une arme qu’on ne prend que pour fuir le combat,
Et l’on est incrédule alors qu’on est ingrat..
Tu ne m’as point aimé, cruelle, et ton sourire
Console, en badinant, cette âme qu’il déchire ;
Et tu viens, quand je meurs, et quand je meurs pour toi,
Demander quel chagrin s’est acharné sur moi ;
Et tu viens me parler de génie et de gloire ;
Tu viens sur mes travaux reporter ma mémoire,
Comme si je pouvais inventer, ici-bas,
Une félicité dont tu ne seras pas !
Ah ! ces dons prétendus, que m’a faits la nature,
N’ont servi qu’à creuser plus avant ma blessure :
Je les hais ! oui, je hais ce talent envié
D’exciter sur ses maux une ingrate pitié ;