Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/227

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Ce mot, quand je le dis, est presqu’une prière ;
Mon âme malgré moi s’y mêle tout entière :
Car, lorsque je te quitte, il me semble toujours,
Que mes jours pour jamais s’éloignent de tes jours.
Mais que peut t’importer le trouble qui m’attriste ?
A peine, en me voyant, si tu sais que j’existe,
Comment craindrais-tu donc de ne plus me revoir ?
Ainsi de t’affliger je n’ai point le pouvoir :
Je pars, sans te le dire ; oui, je m’exile encore.
Que faire dans les lieux où ta beauté m’ignore,
Où ton cœur ne se plaît à douter de l’amour,
Que pour mieux le cacher, s’il le ressent un jour !
Le cacher ! mais ton cœur n’en fait plus un mystère.
Adieu ! que ce seul mot, prononcé sur la terre,
T’indique un rendez-vous, que je te donne ailleurs !
S’il faut qu’on se retrouve en des climats meilleurs,
Retrouve-moi bien tard, et sois long-temps heureuse.
Pour moi, je vais finir ma course aventureuse :
Non pas que, fatigué d’errer de tous côtés,
J’abrège les instants qui m’ont été comptés ;