Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/122

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Et le vieux chapelain, couvert d’un surplis noir,
Fit revêtir de deuil l’église du manoir.
Sur un lit déjà prêt pour une autre journée,
Déposant tout l’espoir de son jeune hyménée,
Irner ne voulut pas qu’un lugubre appareil
De celle qu’il aimait entourât le sommeil.
« Quel besoin, disait-il, qu’auprès de ma maîtresse,
« On vienne s’affubler d’une fausse tristesse ;
« Qu’avec des yeux sans pleurs, on lise sur son corps
« Ces psaumes qu’on adresse au vulgaire des morts,
« Que Dieu n’écoute pas, ou qu’il raille peut-être ?
« Mes sanglots valent bien la prière d’un prêtre.
« Pour cet ange adoré qu’on vient de me ravir,
« Combien j’ai fait de vœux quand ils pouvaient servir !
« À les recommencer je ne puis plus descendre ;
« Que dire au Ciel, Elfride, à coté de ta cendre ! »
Ainsi l’homme s’égare, alors que le Seigneur
Frappe d’un coup soudain, l’orgueil de son bonheur :
Vermisseau révolté contre l’Être-Suprême,
Il place, à fonds perdus, son courage en blasphème.