Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/137

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Là tu chantas l’amour et ses molles douleurs,
Moi j’attends ses baisers, et j’ai chanté ses pleurs ;
Là je deviens poëte, et brûlant de ta flamme,
Dans presque tous tes vers je retrouve mon âme,
Eh qui, dans mon enclos que tes pieds ont foulé,
N’attirerait le vol du quadrupède ailé !
Là ta Camille pâle, et ta jeune captive,
Et Mnazile, et Néère, et ta Lydé plaintive,
Comme aux jours d’Ossian me semblent chaque soir,
En m’apportant ta lyre, auprès de moi s’asseoir.
Je voudrais, réveillant tes accens qu’on regrette,
De tes sœurs du Parnasse être alors l’interprète ;
Mais le sang, que mes pleurs n’y peuvent effacer,
Emeut ma faible main, trop prompte à se glacer.
Jeune aigle à peine éclos tu secouais ton aile,
Déjà du globe ardent la lumière éternelle
Ne pouvait de ton œil abaisser la fierté,
Et déjà, t’élançant vers sa vaste clarté,
Tu demandais aux dieux les rênes du tonnerre !
La flèche a ramené ta course vers la terre :