Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/141

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J’aime, au nocturne éclat d’un flambeau studieux,
Sur tes jeunes essais à fatiguer mes yeux.
Il me semble qu’alors ta verve se rallume ;
Je sens tes plus beaux vers s’échapper de ma plume,
Et je deviens toi-même en lisant tes écrits.
Je suis un des bergers par Homère bénis.
Comme l’heureux Lycus, je reçois à ma fête
Le suppliant honteux qui détourne la tête.
J’apprends que j’ai reçu sous mon toit bienfaiteur,
De mes jours sans appui le premier protecteur,
Et je cache, en pleurant, d’une main diligente,
Sous mon manteau de pourpre une épaule indigente.
Je suis ce chevrier qui, par le joug flétri,
Sur sa lèvre affamée étale un cœur aigri.
Et cet autre pasteur, que la fièvre tourmente,
Et qui sans la nommer révèle son amante ?
C’est moi : je souffre et meurs ; mais une mère, hélas !
Pour soulager mon mal vers moi ne viendra pas,
Et vers le seuil tourné mon œil plein de tendresse,
Quoiqu’il n’attende rien espère une maîtresse.