Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/145

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Toi qui chantait Marat noblement massacré.
L’échafaud que Marat n’a pas déshonoré,
De ses vrais défenseurs prive la république ;
Va donc chercher la mort, c’est la palme civique.
Le voyez-vous déjà, comme un jeune immortel,
Marcher avec candeur à son premier autel ?
L’amitié le soutient : près de quitter la terre,
Il répète les chants de Racine son frère,
Comme si déjà, près de la divinité,
Son âme en empruntait la sainte pureté.
Tel un cygne, abreuvé des eaux de Castalie :
Quand de ses jours sacrés la trame se délie,
On dit qu’apercevant l’Olympe radieux,
Par des accords divins il rend grâces aux dieux.
De ses derniers momens qui ne connaît l’histoire,
Quand, se frappant le front où demeurait la gloire,
Du haut de l’échafaud il put voir tout entier,
Ce talent qu’il courbait sous un fer meurtrier !
Accusait-il alors l’amitié fraternelle ?…
Gardons-nous de plaider une cause si belle.