Page:Lefèvre-Deumier - Le Parricide, 1823.djvu/146

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On attaque son frère en s’armant de sa mort !
Irai-je à ce combat perdre un stérile effort,
Et prenant dans mes vers le parti du génie,
De ma victoire encor nourrir la calomnie ?
Du poids de mon silence il vaut mieux l’accabler ;
Défendre la vertu c’est presque l’immoler ;
Et de la liberté, dont Chénier fit sa gloire,
L’ombre en deuil aujourd’hui protège sa mémoire.
Protégeons-la nous-même, en soignant le laurier
Qu’il soignait pour son frère expiré le premier.
Recueillons de ses chants l’imparfait héritage,
Et mort assassiné, que sa gloire partage
Les rameaux toujours consacrés à Lucain,
Qui fit pâlir Néron d’un vers républicain.
Le crime dictateur condamna leur génie,
Qui chantait en mourant la justice bannie.
L’un rappelait ces temps empreints de son courroux,
Où Sylla décimait les Romains à genoux ;
Où Marius, sorti d’un exil consulaire,
Ecrasait le sénat sous son char populaire ;